La vie en croisière
La vie en croisière s’organise autour de quatre pivots :
- Les sorties en zodiac
- Les balades à terre
- La vie sur le bateau
- Les conférences scientifiques
LES SORTIES EN ZODIAC : le meilleur moyen d'explorer le mystérieux arctique
Le zodiac est pratique, sûr et indispensable
- tout d’abord on observe les recommandations du chef d’expédition : respect des horaires de départ, habillement adapté à ces régions polaires (blouson et pantalons chauds et étanches, bonnet, gants, multicouches avec petits polaires l’un sur l’autre) avec bottes surtout si sorties à terre, car on débarque dans un peu d’eau ; fonctionnement des zodiacs et rôle des guides,
- séance d’habillage, sans oublier le gilet de sauvetage (il faut compter, même avec entrainement, un petit quart d’heure, car on ne doit rien oublier et prendre ses précautions : les sorties peuvent durer 2 à 3 heures ; les appareils photos et caméras doivent être rechargés ; penser aussi à prendre des sacs plastiques de protection étanches pour le matériel photo
- attente dans l’escalier : on passe du chaud en transpirant, au froid salvateur …,
- embarquement au pont inférieur avec l’aide des guides accompagnateurs,
- installation dans les zodiacs : 8 à 10 passagers par zodiac (photo), aidés par les hommes d’équipage ; principe du maintien par l’avant bras avec transfert du passager entre le marin sur le bateau et le guide dans le zodiac pour entrer en toute sécurité dans le zodiac ; position assise sur les boudins, un peu d’eau à fond de cale : attention au matériel photo vidéo, vérifier l’étanchéité des sacs, gants et bonnets de rigueur (bref tenue de ski, principe des 3 couches),
- s’accrocher à la corde lors des manœuvres et des traversées ; ne se lever qu’avec la permission du conducteur ; s’adapter aux mouvements divers : s’accroupir ou se mettre à genoux pour permettre à tout le monde de voir, photographier ou filmer,
- écouter (ou pas) les descriptions savantes du guide conducteur ; on est bien noté si on fait des commentaires intelligents et/ou humoristiques. La devise : écouter, voir et obéir.
Recommandations du chef d'expédition (photo A.Desbrosse) |
Protection indispensable... |
Attente impatiente avant embarquement (photo:A.Desbrosse) |
Le staff attentif (photo:A.Desbrosse |
Embarquement au pont inférieur |
Pouvoir s'accrocher à la corde si besoin |
Ecouter les explications savantes |
Ecouter, voir et parfois obéir |
Le zodiac permet d’aller :
à la découverte d’un glacier et de son vêlage qu’accompagnent des milliers de mouettes tridactyles à la rencontre du krill, juste après ce « tsunami glacé » ; découverte de la « glace » sous toutes ses formes : le brashplaques de glace dérivantes, le petit «bourguignon», les concrétions glacées avec des reflets bleus aux dégradés multiples, grâce à la diffraction de la lumièreLes rayons lumineux sont déviés de leur trajectoire - glacier de Lilliehook dans le Krossfjord, falaises proches du glacier du 14 juillet, front du glacier de Monaco - ; découverte des parois abruptes et englacées avec des bédières, et des cascades violentes, tumultueuses, dévastatrices, - glacier d’Hinlopen -,
à la découverte de la banquise : pénétrer dans le «pack» autour du 81° de latitude Nord, cette banquise disloquée ; zigzaguer entre les floes et les crêtes de compression, appelées hummocks qui nous font disparaître et apparaitre dans un jeu de cache-cache à l’infini : paysage chaotique de glace, avec enfin la zone de séparation avec l’eau libre : les polynies; l’eau libre…reflet du ciel dans l’eau sur les plaques et entre les plaques ; se laisser happer, s’en réjouir puis s’en inquiéter :mais voici une mésaventure dont nous avons été les héros involontaires : nous musardions dans cet univers, où terre, mer, et ciel se confondent ; après s’être gentiment fait dépasser par le dernier zodiac qui retournait dans l’eau libre, le chenal libre s’est refermé ; nous étions donc prisonniers des glaces, seuls au monde (à 8 tout de même !) ; heureusement les communications par talkies walkies permettent au chef d’expédition de nous repérer ; puis c’est le commandant du navire qui vient à notre secours, tout droit devant, nous laissant inquiets : allions-nous être attaqués par un ours surgissant de derrière un hummok, ou carrément broyés par l’étrave pointue et acérée du navire ? Heureusement la grande maniabilité de ce bateau a permis d’écarter le carcan des plaques de banquise, d’ouvrir un nouveau chenal et de nous contourner…en nous sauvant !
à la découverte de la sensation de marcher sur la banquise proche de l’île Charles XII : prendre pied sur une plaque de glace, telle une île, en étant isolé dans cet univers, malgré la proximité des autres plaques, et du bateau dans le lointain, notre port d’attache flottant,
à la découverte de l’ours blanc qui a été repéré quelques minutes avant par les fins observateurs à la passerelle de commandement : commandant, chef d’expédition et guides toujours en alerte ; l’ours est là, presque résident sur cette terre désolée, sans glace (entrée du Liedefjord sur l’Ile de Makeoyane, un autre proche de l’île Charles XII), ou au contraire au milieu de la banquise disloquée (80 à 81° de latitude Nord), sur une plaque dérivante avec sa proie juste pêchée, dans le Raudfjorden, ou carrément acclimaté à son futur, privé partiellement ou totalement de banquise, broutant de l’herbe comme ses lointains cousins, grizzlis ou ours noirs dans l’Alkefjellet,
Ursus maritimus est le seigneur de l'Arctique certes redouté mais que tout voyageur souhaite voir, il est venu entre autre pour lui, ne dit-on pas qu'il est une espèce envoie de disparition?, c'est l'ours de notre enfance, et pourtant quel paradoxe, il est pourtant un des animaux les plus sauvages !
à la découverte d’une île mystérieuse et embrumée, en débarquant à la rencontre de morses peu farouches (île de Phipps dans l’archipel des Sjuoyane),voir des vols de mouettes, des colonies d’oiseaux guillemots sur la grande falaise d’Alkefjellet, des rennes broutant, une colonie de phoques se prélassant aux timides rayons du soleil matinal (fjord de Smeerenburg)...,
à la découverte des parois glacées de l’île Blanche, ou Kvitoya, et découvrir une dizaine d’ours entre glaces et sol pierreux, assoupis,
à la découverte de l’histoire du Spitzberg, où l’appétit des hommes en ont fait des conquérants barbares mais également des prisonniers de leur époque, de leur croyance. Quels destins souvent tragiques, dignes de grandes épopées : restes de l’expédition d’Andrée (Andreneset), le Krassin, les baleiniers, les chasseurs de morses, la conquête avortée du pôle Nord en ballon, la hutte de trappeur à Alicehamna… !
Le zodiac met en alerte les cinq sens :
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La vue : nature grandiose et infinie, où solitude rime avec éternité, celle-ci paraissant dans cet univers si accessible : ici, tout gèle, même le temps,
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L’ouïe : la banquise qui craque, les oiseaux qui sifflent et caquètent, le vêlage des glaciers qui gronde, les morses qui grognent,
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Le toucher : les glaces, l’eau froide qui glisse entre les doigts,
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L’odorat : l’odeur âpre du cuir des morses, l’iode de la mer au parfum englacé,
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Le goût : le sel de l’apéritif arctique, en fin de voyage, auprès d’un magnifique glacier.
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Mais que perçoit-on ? Il s’agit en fait d’une véritable symphonie, car toutes ces sensations et toutes ces expériences s’entremêlent et forgent cette attirance pour le Spitzberg et ce monde arctique.